Développer l’approvisionnement local dans le souci d’une gestion équilibrée de la ressource forestière

Développer l’approvisionnement local dans le souci d’une gestion équilibrée de la ressource forestière

Détails du projet

  • Structure porteuse : Parc Naturel Régional du Massif des Bauges
  • Nature de l'initiative : Démarche multi acteurs (collective ...)
  • Localisation : Maison du Parc, Avenue Denis Therme, 73630 Le Châtelard ‎
  • Date de début : août 1995
Description

Au cœur du sillon alpin, le Parc Naturel Régional (PNR) du Massif des Bauges jouit d’une tradition forestière de longue date. Avec 60% de couverture forestière, il s’inscrit dans un contexte favorable au développement d’une filière complète et ancrée sur le territoire. Conscient de ces atouts, le PNR du Massif des Bauges place la filière bois-énergie au cœur de l’économie circulaire, grâce à une démarche de valorisation locale de la ressource forestière sur le territoire. Dans cette optique, plusieurs projets de taille s’ancrent dans les piliers de l’économie circulaire.

 

  • Approvisionnement durable

La création d’une filière bois locale et respectueuse des équilibres de la forêt est ancrée dans la démarche du PNR et irrigue tous ses projets. La construction d’une filière bois-énergie mobilise plus d’une vingtaine de types d’acteur différents afin de reconstituer les maillons d’une chaîne de valeur locale. Propriétaires, bûcherons, scieurs, charpentiers… jusqu’à l’architecte, chaque acteur doit s’impliquer pour parvenir à la valorisation du bois local sur des projets concrets, et éviter l’importation de bois étranger. 

Dans cette optique, la plateforme de stockage et séchage bois-énergie de la Compôte, dont l’exploitant est accompagné par le parc, approvisionne des chaufferies bois-énergie sur le territoire. Ces chaufferies sont souvent collectives et de moyenne puissance, permettant de chauffer plusieurs entités (écoles, mairies, églises).

Sur le plan de la caractérisation de la ressource, le projet de recherche OUI-GEF (2015) comme le projet PROTEST (2018-2020) ont employé des méthodes de télédétection afin de mieux connaître la ressource forestière du territoire.

De manière générale, la gestion du gisement se fait toujours dans le souci de l’équilibre environnemental du massif. La mise en valeur des services écosystémiques dans une approche multifonctionnelle est donc intégrée dans la création de ces filières locales.

 

  • Ecologie territoriale

La création d’un groupement communal d’achats entre les communes a permis de massifier la demande. Plutôt que chaque commune et chaque entité propriétaire d’une chaufferie commande seule de l’énergie, elles se sont regroupées pour lancer un appel d’offre commun et sélectionner le prestataire qui exploite désormais la plateforme de la Compôte. En regroupant la demande, ce volume d’achat conséquent assurait au prestataire local une pérennité économique.

 

  • Consommation responsable

Ce travail sur l’approvisionnement local se traduit non seulement dans la filière énergétique du territoire, mais aussi dans la promotion du bois local dans les constructions. A titre d’exemple, on peut citer la construction en bois local de la mairie de Saint-Jean-d'Arvey. Un travail en concertation avec la commune, l’Office Nationale des Forêts pour la coupe de bois, l’architecte et tous les acteurs de la chaîne a été nécessaire pour valoriser le bois local.

 

  • Recyclage et retour au sol 

Au sein de la plateforme de la Compôte, le prestataire propriétaire et gestionnaire travaille avec les scieries locales pour récupérer auprès d’elles leurs rebuts de scierie et en faire des granulés ou du bois déchiqueté. Cela permet de valoriser des déchets bois qui n’auraient pas trouvé d’autres débouchés. De manière générale, après les coupes de bois, les rémanents sont laissés sur place dans les forêts. C’est autant de matière organique qui nourrit les sols et favorise le bouclage des cycles géochimiques.

 

D’autres actions assurent la pérennité des filières de bois local :

La création de dessertes forestières est une façon de rendre accessible la ressource. Le développement local de la filière bois des pays de Savoie souffre de l’utilisation de matière première importée. Une façon d’enrayer cela consiste à mettre davantage de bois local sur le marché. Pour cela, il faut aller le chercher dans de bonnes conditions et à des coûts d’exploitation raisonnables pour rester dans des prix de bois compétitifs. Il faut donc insister sur la qualité de la desserte forestière qui va permettre d’aller chercher la ressource et la mettre sur le marché local. Cela concourt à l’économie circulaire puisque c’est le début du circuit court.

Enfin, une partie du travail du PNR consiste à accompagner les entreprises bois du territoire dans leur projet de développement, notamment dans l’investissement dans des machines de production. Des aides européennes sont disponibles sous forme de subventions. Elles sont conditionnées à la certification des entreprises, attestant qu’une partie de leur approvisionnement valorise le bois local. Le PNR sensibilise les chefs d’entreprise à ce levier : il assure la création d’économie sur le territoire, mais dans le sens d’une valorisation du bois local. La certification Bois des Alpes atteste ainsi que la matière utilisée provient du massif alpin français

Résultats qualitatifs et chiffres clés

Relocaliser l’économie forêt filière bois sur le massif des Bauges. Il s’agit de créer une valeur économique sur le territoire à partir de cette ressource non-délocalisable.

Une approche systémique et écologique de la filière. Cette démarche de valorisation de l’économie forestière locale ne se fait pas à tout prix, elle est réfléchie dans le respect de l’équilibre de la ressource, de l’impact que la démarche peut avoir sur la biodiversité forestière.

La dynamique d’acteurs collective à laquelle le PNR participe. Cela demande du travail de créer cette dynamique, mais des formes de synergies se mettent en place au niveau des acteurs et participent au déploiement des circuits courts.

  • Une valorisation sous la forme de bois déchiqueté de l’ordre de 1500 tonnes de bois chaque année, grâce à la plateforme bois énergie de Compôte.
  • L’alimentation en circuit ultra-court d’une trentaine de chaufferies collectives de moyenne puissance sur le territoire, concernant une vingtaine de communes en groupement d’achat.
  • Deux kilomètres de route forestière créés par année sur les projets sur lesquels le PNR est impliqué.
  • Une quinzaine d’entreprises accompagnées dans leurs projets de développement depuis 8 ans, qui valorisent pour partie la ressource forestière locale.
  • Une vingtaine de types d’acteurs différents impliqués dans la filière bois énergie en circuits courts.
  • La réalisation de 40 actions forêt - bois sur la période 2009 – 2013.

Historique et perspectives de l’initiative

Au sujet des projets phares mentionnés :

2010 : Création de la plateforme bois énergie de Compôte

2012 : Inauguration de la mairie en bois local de Saint-Jean-d’Arvey

2015 : Programme de recherche OUI-GEF consacré à la co-construction d’outils innovants en matière de gestion forestière concerté

2016-2020 : Fonctionnement du groupement d’achat des chaufferies collectives pour une vingtaine de communes sur le territoire.

2018-2020 : Projet PROTEST de cartographie de la ressource forestière par télédétection

Facteurs d'accélération et freins

Freins : le cadre législatif aujourd’hui ne permet pas de favoriser le local dans les appels d’offres au niveau de la commande publique, du fait de l’obligation de respect de la libre concurrence.

Il y a aussi un frein économique. Aujourd’hui travailler sur du local et du qualitatif dans le respect des équilibres environnementaux coûte plus cher que de réaliser de gros volumes sans se soucier de la gestion forestière. Il y a une forme de surcoût économique, qui doit être assumé politiquement par les élus.

La complexité de monter des projets de valorisation de la ressource locale en circuits courts est aussi un frein, parce que cela oblige à sortir des circuits standards que les acteurs ont l’habitude de mobiliser. Pour chaque maillon de la chaîne, il est plus facile de passer par les modèles classiques, ce qui entraîne une forme de complexité dans le montage de ces circuits courts.

 

Facteurs d’accélération : L’évolution de la société en ce sens. Aujourd’hui, dans les filières agricoles par exemple, les consommateurs s’intéressent à la provenance des produits. Ce n’est pas forcément encore le cas pour la filière bois, mais petit à petit la question se pose. Le facteur d’accélération se trouve donc du côté de la prise de conscience des citoyens.

Le fait de trouver les financements dans des structures comme le PNR pour animer des réseaux d’acteurs donne aussi une dynamique à ce genre de projets et accélère le développement des circuits courts.

Domaines d’activités

  • Artisanat
  • Construction
  • Energie
  • Recyclage

Ressources

  • Déchet
  • Biodéchet
  • Bois
  • Energies renouvelables
  • Matériaux de construction
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Rédaction ECLAIRA

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