Réemploi de matériaux dans la réhabilitation exemplaire de 6 immeubles du centre ville de Septèmes-les-Vallons

Réhabiliter dans une démarche de réemploi des matériaux à l'échelle municipale: c'est produire une offre de qualité adaptée aux besoins, innover en faisant monter en compétences des entreprises locales et faire effet levier sur l'immobilier privé

Détails du projet

  • Structure porteuse : Septèmes-Les-Vallons
  • Nature de l'initiative : Démarche d'une institution publique ou assimilée
  • Périmètre : noyaux villageois de la commune
  • Localisation : 198 place pierre didier tramoni 13240 SEPTEMES LES VALLONS
  • Date de début : juillet 2019
  • Date de fin : avril 2024

Piliers de l‘économie circulaire

  • Allongement de la durée d'usage
  • Consommation responsable
  • Recyclage
  • Eco-conception
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
  • Approvisionnement durable
Description

En avril 2015, la commune de Septèmes les Vallons s’est engagée dans une démarche Eco Quartier conduite depuis lors dans une perspective d’amélioration de la qualité des projets qu’ils soient privés ou publics, en termes de programmation et de gouvernance. Le cœur de cette démarche porte sur le secteur centre-ville/gare composé d’un tissu d’habitat et de commerce de faible épaisseur urbaine et d’une friche industrielle à reconvertir. Ce secteur est le lieu développement urbain à l’horizon 2030 dans une réflexion de construction de la ville sur la ville et d’appui sur les équipements publics et services structurant que sont la gare, la médiathèque, la mairie et la Poste…  Ainsi la création d’un nouveau quartier d’environ 350 logements donnera au centre-ville une épaisseur urbaine plus importante et devra être élaboré dans le souci d’une greffe urbaine réussie avec les noyaux villageois de Septèmes Centre, des Caillols et de Notre Dame Limite.

En effet, ces quartiers anciens, historiquement construits autour du développement de l’économie industrielle au début du XVIIIème siècle, sont aujourd’hui caractérisés par une dégradation, une vacance mesurée mais bien réelle et un mode constructif d’une faible performance énergétique. Pourtant, ces immeubles ont été construits à base de matériaux pérennes et de qualité, avec des qualités bioclimatiques qui donnent un bon confort d'usage. Réhabilités, ces immeubles constituent une chance pour l'habitat de demain, adaptés au changement climatique et la vie en centre urbain. Améliorer ce patrimoine contribue de plus à faire perdurer l’esprit de village et l’identité locale de ces bâtiments emblématiques.

La commune a souhaité intervenir fortement sur ces noyaux villageois afin d’éviter que la livraison du nouveau quartier entraine un dépeuplement de l’habitat ancien dégradé au profit des nouveaux logements, laissant place aux conséquences négatives de la vacance.

Pour ce faire, la commune a souhaité, dans un premier temps, renforcer l’action coercitive en signant une convention de Lutte contre l’Habitat Indigne et valoriser l’action incitative des dispositifs à dispositions des propriétaires privés occupants et bailleurs en faveur de la réhabilitation : Programme d’Intérêt Général Habitat Mieux, financement ANAH…

Le bilan de ces dispositifs conduit la commune à définir une intervention publique afin d’agir sur l’amélioration de l’habitat des centres anciens aux fins de mise en œuvre d’une logique de levier sur l’initiative privée. Ainsi, la commune a procédé à des acquisitions d'immeubles avec l'ambition de réhabiliter ces logements dans une démarche exemplaire et innovante. L'opération vise à améliorer le confort, à faire baisser les charges locatives (énergies et fluide) et à assurer un chantier durable au plan des matériaux et des méthodes employées (matériaux locaux, réemploi, biosourcés, etc).

Concrètement il s’agit de réhabiliter 6 immeubles répartis dans les deux noyaux villageois et compteront à terme 19 logements. Cette opération est labellisée Bâtiment Durable Méditerranée niveau Or en phase conception. Cette opération poursuit des objectifs patrimoniaux, de qualité architecturale, de valorisation du foncier vacant, de politique de l’habitat et de participation à la transition énergétique.

La commune ambitionne de faire de cette opération une opération modèle à promouvoir auprès des propriétaires privés dans la perspective d’un effet levier en renforçant l’accompagnement à l’accès aux aides financières diverses d’amélioration de l’habitat de performances énergétiques et la mise en réseau des entreprises engagées dans une démarche de transition énergétique.

Au-delà de la réalisation sur le territoire régional d’une opération de réhabilitation durable qui contribuera à sa mesure à la transition écologique, ce projet sera l’occasion de travailler à l’élaboration d’un modèle d’opération reproductible permettant à la fois aux maîtres d’ouvrages et à l’ensemble des professionnels du bâtiment intervenant des études à la livraison et au suivi d’intégrer de bonnes pratiques et de structurer les actions pour aller dans le sens du développement durable. Le but étant de définir des méthodes pour faire diffuser voire systématiser la construction et la réhabilitation durable et de densification raisonnable. Deux volets innovants sont développés : l’utilisation du pin d’alep en bois d’œuvre et la maximisation du réemploi des matériaux.

Concernant le réemploi, la démarche est à la fois d’utiliser sur place des matériaux déposés, mais aussi d’acquérir des matériaux de réemploi à la place du neuf quand cela est possible et de réinjecter en filière de réemploi les matériaux non utilisés sur site mais encore utilisables. L’objectif est de contribuer à développer une procédure avec notamment les bureaux de contrôle pour faciliter le recours au réemploi.

L'AAP Filidéchet (financement ADEME/Région) a permis de soutenir la démarche de réemploi autour d'un gisement démonstrateur dans le but d'encourager la montée en compétences des TPME du territoire sur le sujet du réemploi. Une méthodologie a été mise au point à partir de menuiseries bois extérieures simple vitrage, très présentes dans le patrimoine traditionnel régional, réemployées dans un ensemble menuisé. Un prototype a notamment été réalisé pour identifier les caractéristiques la ressource et démontrer une première faisabilité technique. Le bureau de contrôle de l'opération a été associé pour identifier les pré-requis réglementaires.

Moyens mis en œuvre :

La commune, maître d’ouvrage de l’opération, a désigné tout d’abord un assistant à maîtrise d’ouvrage pour une mission d’étude de programmation qualité environnementale, économie de la construction dans le respect du cadre régional d’intervention et de son CCTP guide  (Domene Scop, Bk Club, Alpha-i &co) puis une équipe de maîtrise d’œuvre (mandataire Atelier Aïno) en application des critères du cadre régional toujours.

La gouvernance du projet est pilotée par la commune qui fait participer les partenaires institutionnels pertinents, à savoir l’association Bâtiment Durable Méditerranéen, l’Agence Locale de l’Energie et du Climat et la Conseil en Architecture Urbanisme et Environnement et la Métropole, compétente en matière d’Habitat mais aussi le Région en tant que partenaire financeur.

Le montage de ce projet fait l’objet de demande de cofinancement, outre la Région, au Département dans le cadre du CDDA et l’Etat dans le cadre de la Dotation de Soutien à l’Investissement Local (DSIL) « rénovation énergétique ».

Dans le but de diffuser la démarche de réhabilitation et de réemploi dans un cadre plus large que la réhabilitation des 6 immeubles, plusieurs moyens pédagogiques ont été imaginé. L'association Graine d'Archi a sensibilisé les scolaires de la commune. Une exposition gratuite ouverte au public a été installée dans une salle municipale devenue Maison du Projet, espace qui reçoit notamment les propriétaires impliqués dans une démarche de réhabilitation (rendez-vous des antennes locales de l'Alec, du Caue, etc). Une journée de cession des matériaux de réemploi va être réalisée le 13 Octobre auprès des Septémois, associations et formations.

Condition d’utilisation :

Les logements ainsi réhabilités seront loués dans le cadre d’un conventionnement logement social avec l’Etat et entreront dans le recensement des logements locatifs sociaux de la commune. La gestion locative sera réalisée en gestion par les services de la ville, comme cela est déjà le cas pour les anciens logements des instituteurs aujourd’hui conventionnés en logements locatifs sociaux. 

Résultats qualitatifs et chiffres clés

Résultats qualitatifs : L'opération de réhabilitation exemplaire est la première démarche structurée de réemploi en matière de BTP permettant à la fois d'acculturer les élus et les techniciens de la commune, de participer modestement à la structuration des filières du bâtiment en la matière et de diffuser la pratique auprès de l'initiative privée (propriétaires privés occupants ou bailleurs, bailleurs sociaux, promoteurs...)

Chiffres clés :

- 49 portes intérieures ou palières identifiées dont 41 seront rémployées in situ et 8 iront en filière de réemploi extérieure

- 54 équipements sanitaires ou de cuisine (douches, baignoire, lavabos, toilettes et évier) dont 36 seront rémployés in situ, 1 dans un autre site de la réhabilitation et 17 iront en filière de réemploi extérieure. 

- 260 m² de tomettes et de carrelage acquis au travers de plateforme de réemploi sur 380 m² nécessaires à l'opération. 

- 5 entreprises parties prenantes de la dépose et du réemploi des matériaux (gros-œuvre, menuiserie intérieure, menuiserie extérieure, revêtement de sol, plomberie)

- 1 équipe de maîtrise d'œuvre composé de 7 entreprises rassemblées autour du réemploi (conception et suivi de chantier)

Historique et perspectives de l’initiative

Jusqu'à cette opération de réhabilitation exemplaire, la commune de Septèmes-les-Vallons avait des pratiques ponctuelles d'économie circulaire notamment en revendant le mobilier usagé issus des équipements publics lors des campagnes de rééquipement. L'opération de réhabilitation exemplaire est la première démarche structurée de réemploi en matière de BTP. 

Depuis, la commune a mis en place du réemploi dans le cadre d'une opération d'extension de groupe scolaire, en cours de chantier et des pratiques se développent en régie pour réutiliser notamment des luminaires, des portes et des équipements de chauffage...

De prochains chantiers de réhabilitation de logements dans l'ancien devraient suivre dans les prochaines années, ils incluront un volet réemploi. 

Facteurs d'accélération et freins

Partant de la volonté de la commune, maître d'ouvrage, de mettre le réemploi dans les objectifs de l'opération, les facteurs d'accélération identifiés sont le travail cadrant la démarche en phase pré-programme mais aussi l'engagement de l'équipe de maîtrise d'oeuvre pour trouver des solutions, innover mais aussi participer à la diffusion des bonnes pratiques. 

La démarche a été facilitée par la création d'une plateforme de stockage des matériaux dans un ancien bâtiment industriel vacant situé au cœur de la commune. Les matériaux déposés y ont été stockés, en attendant leur nettoyage/reconditionnement, puis leur repose dans le projet. Les entreprises ont pu répondre à l'Appel d'Offre de marchés de travaux en étant rassurées sur ce point, car les coûts ou les responsabilités entrainées par le stockage peuvent être importants. L'accord de l'Etablissement Public Foncier pour l'utilisation de son bâtiment a ainsi été crucial. 

L'équipe de maitrise d'œuvre (l'agence d'architecture Atelier Aïno et l'économiste EPC) et le service Marché de la Commune ont construit conjointement un marché adapté pour permettre le réemploi : allotissement, DPGF, clauses de marché, structure des différents marchés… Ce travail commun a permis de cibler des types d'entreprises adaptées à la démarche de réemploi, de prévoir les interfaces entre les différents corps d'état, d'anticiper les aléas techniques et financiers liés à la variabilité de la ressource de réemploi, tout en s'inscrivant dans le cadre juridique rigoureux des marchés publics.

Concernant les freins, l'intégration du sujet réemploi par le bureau de contrôle dans ses missions a été identifiée sous plusieurs formes : l'absence de mission réglementaire réemploi mais bien la nécessité d'intégrer cette démarche en transversalité tout au long de l'opération.  La formation de cet acteur sur le sujet du réemploi est essentielle. Dès la phase PRO, un dialogue avec l'organisme a dû être engagé pour trouver une solution techniquement et réglementairement acceptable à différents points sous-tendant un avis défavorable.

Le réemploi étant une pratique nouvelle, cela a supposé de prendre plus de temps pour travailler avec les acteurs afin lancer l'opération et la faire avancer. 

Domaines d’activités

  • Artisanat
  • Construction
  • Déconstruction
  • Recyclage

Ressources

  • Matériaux
  • Bois
  • Efficacité matière
  • Emploi
Mise en oeuvre

Partenaires

  • Atelier AINO
  • mandataire du groupement de maîtrise d'oeuvre


  • DOMENE scop
  • Assistant à maîtrise d'ouvrage qualité environnemental

Moyens techniques et méthodologies

La méthodologie mise en oeuvre s'inscrit dans le cadre de la démarche Bâtiment Durable Méditerranéen intégrée dès la phase pré-programme. 

En phase de conception (du Diagnostic au PRO), la maîtrise d'œuvre a réalisé un diagnostic ressources/inventaire des gisements à réemployer croisant des critères de qualité architecturale, de durabilité et de faisabilité technique. Il a également été tenu compte de la viabilité économique à réemployer plutôt que d'avoir recours au matériau neuf. 

Au delà, l'appel à projet Filidéchets (ADEMA/Région Sud) a permis de financer un partenariat avec un menuisier pour un temps d'étude qui a consisté à faire réaliser un prototype d'ouvrage menuisé à réemployer dans une loggia et de tirer de cette réalisation une méthodologie du réemploi à répliquer par les artisans (dépose, recomposition et repose).

Les marchés publics ont totalement intégré ce sujet du réemploi. A la fois en créant un lot du marché dédié à la déconstruction sélective mais aussi en intégrant dans dans les cahier des clauses techniques des lots plomberie, carrelage/revêtement de sol et menuiserie intérieure notamment une obligation d'avoir recours au matériaux réemployés identifiés dans le diagnostic et de n'avoir recours à des matériaux neufs qu'en démontrant l'impossibilité de faire. Au cours de la publicité des marchés, des visites des sites ont été organisées pour les candidats et ces dernières incluaient une visite du prototype menuisé pour expliquer et insister sur la démarche. 

En phase travaux, au titre des moyens techniques, il a été indispensable de désigner un lieu de taille suffisante, accessible, sécurisé et situé à proximité des sites pour stocker les matériaux. Le choix s'est orienté vers l'ancienne cave coopérative du centre-ville acquise par par l'Etablissement Public foncier en vue d'un projet de reconversion. La commune a sollicité l'EPF qui a accepté une mise à disposition du site. 

Le vendredi 13 octobre, une journée du réemploi est organisée. La matinée est destinées aux partenaires, financeurs du projet et professionnels du BTP pour présenter la démarches, les freins et actions correctives/conditions de réussite. L'après midi est destinée aux particuliers souhaitant récupérer gratuitement des éléments non réemployés dans l'opération. Le résiduel ira à des associations, écoles professionnels/centre de formation.  

Moyens humains

Le maître mot est la coopération active des acteurs. 

Le Maire et ses adjoints à l'habitat et aux travaux ont défini les orientations stratégiques du projet de réhabilitation exemplaires des logements communaux parmi elle le développement durable, notamment en inscrivant le projet dans une démarche Bâtiment Durable Méditerranéen. 

L'assistant à maîtrise d'ouvrage qualité environnementale désigné afin de bâtir un pré-programme, accompagner la commune pour retenir une équipe de maîtrise d'œuvre et suivre le chantier et la livraison, a intégré le réemploi au pré-programme comme objectif en proposant d'identifier des gisements à réemployer en phase diagnostic et de se fournir sur les plateformes de réemploi. 

La maîtrise d'œuvre, dès la phase Diagnostic a réalisé un inventaire précis des éléments à conserver sur place (revêtements de sols), des éléments sanitaires mais aussi des ouvrants pouvant être déposés et repositionnés au sein de projet en localisant les endroits précis ou pouvant être remise en filière de réemploi. Les matériaux ont été identifiés grâce à une nomenclature afin de les repérer depuis les plans de démolition (emplacement pré-existant) jusque dans les plans de projet et les carnets de détails. Un diagnostic ressource a permis de renseigner les matériaux pour les intégrer dans la conception, et pour servir de catalogue de repérage pour les artisans, pas toujours habitués à la démarche de réemploi.

L'agence d'architecture Atelier Aïno a sourcé les matériaux complémentaires nécessaires sur les plateformes de réemploi afin de proposer à la maîtrise d'ouvrage de les acquérir. Elle a, au travers de Filidechet, développé une méthode de réemploi d un ouvrage menuisé de remploi dans une loggia avec la volonté de la rendre réplicable. 

L'entreprise titulaire du lot déconstruction sélective Vivian a eu à déposer les éléments, organiser la plateforme de réemploi avec le menuisier BC Sud, et organiser la remise en filière. Les entreprises de gros-œuvre et de second œuvre réemploient actuellement ces éléments et matériaux dans les travaux extérieurs (murs en gabions remplis de pierres, béton et briques issus des démolitions) et les travaux intérieurs.

Financeurs

  • Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône

  • Région PACA
  • Filidéchet


  • ADEME
  • Filidéchet


  • COMMUNE DE SEPTEMES LES VALLONS
  • maîtrise d'ouvrage


  • Etat
  • dans le cadre de la Dotation de Soutien à l'Inititive locale (DSIL

Financement

Projet communal d'investissement cofinancé.
Documents

Lien(s) web

 https://www.atelier-aino.com/projet/7-rehabilitations-en-coeur-de-ville

Documents

  • Note de candidature pour appel à projet Filidéchet

  • Méthodologie de réemploi d'une menuiserie ancienne

  • difficultés et actions correctives
  • Ce document résume les freins à lever avant le lancement du marché de travaux sur le sujet de l'ensemble menuisé intégrant des menuiseries anciennes. Les mesures correctives ont été ou sont en train d'être engagées. Le marché a permis de désigner une entreprise pour les menuiseries extérieures qui s'engage dans la démarche de réemploi sur cet ensemble menuisé.

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Auteur de la page

Céline DUCRET

Modérateur

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